I.CONTENUS PEDAGOGIQUES

 

A.     LES CARACTERISTIQUES D’UN FEEDBACK EFFICACE

 

Le Feedback est « l’information donnée en retour » aux pratiquants. C’est un outil fondamental du Sensei (littéralement celui qui a vécu avant) pour aider le pratiquant à apprendre et à progresser.

1.     Le feedback traditionnel, ses avantages et inconvénients

Le feedback traditionnel s’appuie sur le mécanisme suivant :

  • L’observation généralement silencieuse du pratiquant
  • Un jugement de valeur fondé sur l’analyse des comportements du pratiquant, comparés aux attentes de l’enseignant. Ce jugement silencieux ou explicité par l’enseignant, permet de classer l’action en deux catégories :
    • Option 1 : L’action est conforme aux attentes fixées par l’enseignant qui observe. En général, ce dernier félicite le pratiquant (« C’est bien»). Il arrive ensuite que l’enseignant repère et souligne les principes d’efficacités respectés par le pratiquant (« Tu as bien tiré sur la manche »), ce qui peut renforcer l’acquisition et la confiance du pratiquant qui intègre « la bonne façon de faire », du point de vue de l’enseignant.
    • Option 2 : L’action n’est pas conforme aux attentes fixées par l’enseignant qui observe. En général, ce dernier exprime son jugement (« Ce n’est pas bien »), repère et souligne les principes d’efficacités non respectés (« Tu n’as bien tiré sur la manche »), et dans le meilleur des cas, encourage le pratiquant à recommencer en intégrant son conseil pour se rapprocher de « la bonne façon de faire», de son point de vue.

Le feedback traditionnel porte plutôt son attention sur ce qui n’a pas fonctionné. La culture perfectionniste du judo amène souvent les enseignants à choisir l’option 2, avec l’idée que « ce n’est jamais assez bien ».  Cette manière ancestrale de motiver les pratiquants à faire mieux, a le mérite d’être rapide. Elle peut s’avérer efficace, dès lors que celui qui observe, juge et conseille possède une expérience et des connaissances avérées, qui lui permettent d’exprimer un jugement fiable et des conseils pertinents. En outre, elle sera d’autant plus intéressante que les  jugements et conseils sont formulés avec bienveillance (cf paragraphe suivant).

Pour autant, le fait de demander la perfection tout en sachant qu’elle n’existe pas, risque de générer une motivation fondée sur la culpabilité face à l’erreur, et la frustration de ne jamais réussir vraiment. Enfin, si le jugement et les causes du comportement d’échec ne sont pas suivis d’un conseil, cette stratégie dite d’évitement de l’erreur a pour autre limite que l’apprenant doit s’imaginer le comportement à ne plus reproduire plutôt que de porter son attention sur les principes d’efficacité vers lesquels il doit tendre. En effet, pour l’apprenant comme pour tout être humain, arrêter de penser à ce qu’il ne faut pas faire est plus difficile que de penser à ce qu’il veut faire. Essayez d’arrêter de penser au drapeau polynésien, et vous verrez que cela vous demandera sans doute un effort.

2.     Exprimer le feedback avec bienveillance

Dans tous les cas, les techniques de communication non violentes permettent de conserver l’efficacité potentielle du feedback traditionnel, même si celui – ci a tendance à se focaliser sur les erreurs. Pour cela, l’enseignant pourra :

  • Evaluer les comportements observables et observés (« sur cette action, ce que j’ai vu, etc… ») et pas la personne toute entière.
  • Porter son attention aussi sur les éléments positifs, ce qui a fonctionné, sur ce qu’il a apprécié et pas uniquement sur ce qui n’a pas fonctionné
  • Utiliser des expressions qui permettent d’exprimer un point de vue sur ce que vous avez observé, plutôt qu’une vérité:
    • « Ce que j’ai apprécié» plutôt que « c’est bien »
    • « Il me semble que», « j’ai trouvé que », « à mon avis »
  • Exprimer des hypothèses de causes plutôt que des certitudes
    • « A mon avis, le problème vient de là» plutôt que « le problème c’est ça »
  • Utiliser des suggestions plutôt que d’imposer ses conseils et ses ordres :
    • « Peut-être pourrais- tu faire comme-ci » ou « je te propose de faire comme ça » plutôt que des ordres comme « fais comme ça» ou « il faut faire ceci ou cela »

3.     Créer une culture de l’auto-feedback

Aussi il existe d’autres façons d’opérer. En effet, la littérature scientifique a démontré dans le domaine de l’EPS qu’il est préférable de faire réfléchir l’apprenant sur sa pratique, plutôt que donner de systématiquement des solutions toutes faites. C’est un levier d’apprentissage très efficace. De plus, se priver du point de vue de celui qui vit l’action de l’intérieur, c’est évaluer les choses de manière partielle et superficielle. Dans tous les cas, même si le pratiquant ne sait pas toujours pourquoi ni comment il a fait pour réussir ou échouer, il reste le mieux placé pour donner des indices à l’enseignant. 

Pour mettre en place un auto – feedback constructif, il est important d’inviter le pratiquant à analyser ses réussites autant que ses échecs en posant des questions ouvertes qui l’aident à analyser ce qu’il vient de faire plutôt que de l’enfermer dans ce que l’enseignant pense être l’unique point de vue valable. « Sur cette action qu’as-tu ressenti ? » ou encore « Peux-tu me décrire comment tu as fait ? » sont des questions qui facilitent l’auto-feedback.

 

A.     DEUX GRANDES ECOLES PEDADOGIQUES

1.     Pédagogie du modèle et approche analytique

La pédagogie du modèle, souvent dispensée dans une approche analytique, est l’école dominante de l’enseignement du judo, notamment pour les publics confirmés. Elle est fondée sur une approche techniciste qui consiste à :

  • Démontrer le geste juste en isolant Tsukuri – Kuzushi et Gake et en décortiquant les principes d’efficacité de la technique en forme statique
  • Inviter le pratiquant à essayer, seul (Tendoku Renshiu) ou avec un partenaire
  • Répéter jusqu’à ce que le geste juste soit automatisé (Uchi Komi et Nage Komi)
  • Complexifier la situation en introduisant le déplacement (Uchi Komi, Nage Komi en déplacement & Yaku Soku Geiko), puis l’opposition (Karkarei Geiko)
  • Situer la technique dans des contextes tactiques qui permettent de montrer des évolutions d’application (Variations de posture, de Kumikata, combinaisons de mouvements, etc…)
  • Mettre en pratique le geste juste dans des situations d’opposition (Randori)

En fait, cette manière de procéder consiste à donner le mode d’emploi avant de pratiquer. Cette pratique ancestrale a démontré son efficacité. Elle est d’autant plus pertinente que le modèle propose une démonstration de qualité, avec une bonne capacité d’explication, d’observation et de correction, fondées sur son expérience et sa maîtrise du judo.

Comme toutes les méthodes elle comporte aussi ses limites. Fondée sur la répétition, elle peut s’avérer plus ennuyeuse pour des publics plus jeunes. Ce jugement de valeur n’est qu’une hypothèse qui reste à relativiser. Outre le modèle pédagogique, la personnalité de l’enseignement est un élément important de son efficacité pédagogique.

2.      Pédagogie de la découverte et approche situationnelle

Les pédagogies dites de la découverte font référence à une approche plus globale qui consiste à :

  • Proposer des situations d’opposition qui confrontent l’apprenant à un problème pour lequel il n’a pas de solution préétablie
  • Mettre en place des consignes qui permettent d’expérimenter des solutions par soi-même, sans avoir été guidé au préalable
  • Inviter ceux qui ont réussi à analyser puis à expliquer comment ils ont fait
  • S’appuyer sur les comportements efficaces pour formaliser les bonnes
  • Répéter les solutions qui conviennent le mieux à chacun

Ce type de méthode permet de créer de l’enthousiasme et du plaisir par une confrontation immédiate au jeu. Entrer par le jeu, puis analyser l’expérience vécue permet aussi de faire réfléchir le pratiquant, ce qui en théorie renforce les apprentissages. Il s’agit de jouer de manière plus intuitive et plus personnelle, avant même de lire le mode d’emploi. Elle paraît plus ludique et donc plus adaptée aux enfants dans les phases de découverte du judo, même si là encore tout dépend de la personnalité de l’enseignant et de la pertinence des situations proposées.

Conclusion

La littérature scientifique a démontré depuis bien longtemps que l’apprentissage est meilleur quand :

  • L’activité a du sens pour celui qui apprend
  • L’apprenant est libre et autodéterminé (motivation intrinsèque), au moins de temps en temps, plutôt que d’être contraint en permanence par des punitions ou des récompenses (motivation extrinsèque).
  • Le pratiquant ressent des émotions en pratiquant, plus qu’en écoutant.

Autrement dit, on fait mieux ce qu’on veut faire que ce qu’on doit faire et qu’on a confiance en soi, on retient mieux les choses quand on vibre dans la pratique plutôt que d’écouter de longs discours. Au final, peu de gens apprécient :

  • De s’ennuyer
  • D’être jugé incompétent en permanence
  • De ne jamais avoir le choix
  • De recevoir des ordres
  • De ne jamais pouvoir prendre des initiatives personnelles, quitte à échouer

Lexique des pratiques et exercices traditionnels

  • La structure de la séance :
    • REI : Saluez (signifie aussi « zéro »)
      • RITSU REI : Salut debout
      • ZA REI : Salut à genoux
    • HAJIME : Commencez
    • JUDOGI : Tenue de judo
    • MATTE : Arrêtez
    • NE WAZA : L’art des techniques couché
    • SORE MADE : Arrêtez (pour la fin d’un combat, d’une séance)
    • TACHI WAZA : L’art des techniques debout
    • TORI : Prendre, celui qui fait l’action
    • UKE : Recevoir, subir l’action
  • COMPTER de 1 à 10en japonais : Ichi (1), Ni (2), San (3), Shi (4), Go (5), Rocku (6), Shichi (7), Hachi (8), Kyuu (9) Juu (10)
  • Les exercices conventionnels et modes d’intervention:
    • Les UKEMI : Brise chute
      • MAE UKEMI : Chute avant
      • YOKO UKEMI: Chute latérale
      • USHIRO UKEMI: Chute arrière
    • Les KOMI (Pénétrer profondément)
      • NAGE KOMI : Vient de Nage (Projeter) et Komi (Pénétrer profondément), le Nage Komi est un exercice de répétition de projections
      • UCHI KOMI : Vient de Uchi (Frapper perpendiculairement, ou l’intérieur) et Komi (Pénétrer profondément), l’Uchi Komi est un exercice de répétition d’entrées de mouvements sans projection
    • Les GEIKO : Exercice d’entraînement, de mise en pratique
      • KAKARI GEIKO : Vient de Kakaru (s’accrocher) et de Hikkakaru (sauter sur quelque chose), Tobikakaru exprime la constance et la Le Kakari Geiko est un exercice convenu (exercice d’opposition où chacun à un rôle convenu) TORI est celui qui respecte les consignes dans son rôle d’attaquant, et UKE celui qui respecte les consignes dans son rôle de défenseur.
      • YAKU SOKU GEIKO : Vient de Yakusoku (conventionnel), c’est un entraînement souple et libre, en déplacement, sans pression ni opposition. Il n’y a ni TORI ni UKE, mais 2 pratiquants en recherche d’opportunité.
    • Autres exercices :
      • TATE : signifiant « Vertical », le Tate est généralement utilisé pour préparer le combattant à la compétition, en tant qu’exercice d’enchaînement de plusieurs combats sans repos pour une partie des pratiquants d’une séance)
      • TANDOKU RENSHU : Vient de Tandoku (seul) et de Renshuru (pratique), le Tandoku Renshu est un exercice d’entraînement solitaire, sans UKE, dans le vide
      • RANDORI : Vient de Ran (libre) et Dori (saisie), le Randori est un exercice d’opposition libre au cours duquel la saisie est sensée être libre, au sens où elle ne doit pas être le cœur de l’interaction. Dans les faits, la préparation au SHIAI amène souvent les compétiteurs à intégrer la bataille de KUMIKATA au RANDOR
      • KATA : Signifiant « la forme », le Kata regroupe des séries formelles de mouvements destinés à démontrer les principes du judo.
      • MONDOO: Vient de MON (questionne) et  TOO (solutions), le Mondo est un moment d’échanges entre pratiquants pour questionner une situation et trouver ensemble des solutions

 

II.             PROGRAMME TECHNIQUE

 

A.     LES TE WAZA (techniques de bras, de main)  

    • Les formes GURUMA: Projection en roue autour
      • KATA GURUMA : Roue autour des épaules
      • TE GURUMA : Roue autour de la main (pas au programme)
    • Les formes SEOI NAGE : Projection en chargement sur le dos au-dessus de l’épaule
      • ERI SEOI NAGE : Chargement par un coté avec revers
      • IPPON SEOI NAGE : Chargement par un côté
      • MOROTE SEOI NAGE : Chargement à l’aide des 2 mains
    • Les formes OTOSHI
      • TAI OTOSHI : Renversement du corps
      • ERI OTOSHI : Renversement par un côté avec revers
      • MOROTE OTOSHI : Renversement avec les deux mains
      • UKI OTOSHI : Renversement en coup de vent

 

B.     LES ASHI WAZA (techniques de jambe, de pied)

  • Les BARAI (formes balayées)
    • DE ASHI BARAI : Balayage du pied avancé
    • HARAI TSURI KOMI ASHI : Balayage du pied en pêchant
    • OKURI ASHI BARAI : Balayage des deux pieds en déplacement
  • Les GARI (formes fauchées)
    • KO SOTO GARI : Petit fauchage extérieur
    • KO UCHI GARI : Petit fauchage intérieur
    • O SOTO GARI : Grand fauchage extérieur
    • O UCHI GARI : Grand fauchage intérieur
  • Les GAKE (formes accrochées)
    • KO SOTO GAKE : Petit accrochage extérieur
    • KO UCHI GAKE : Petit accrochage intérieur
  • Les GURUMA (roue autour de)
    • ASHI GURUMA : Enroulement autour de la jambe
    • HIZA GURUMA : Roue autour du genou
  • Autres formes :
    • SASAE TSURI KOMI ASHI : Blocage du pied en pêchant
    • UCHI MATA : Fauchage par l’intérieur de la cuisse

 

 

C.     LES KOSHI WAZA (les techniques de hanche)

  • HARAI GOSHI : Balayage par la hanche
  • HANE GOHI : Hanche sautée
  • KOSHI GURUMA : Roue autour de la hanche
  • O GOSHI : Grande (projection de) hanche
  • TSURI KOMI GOSHI& SODE TSURI KOMI GOSHI: Projection de la hanche en tirant et pêchant
  • UCHI MATA : Projection par l’intérieur de la cuisse
  • UKI GOSHI : Hanche flottante
  • UTSURI GOSHI : Hanche déplacée

 

 

D.   LES SUTEMI WAZA (les techniques de sacrifice)

  • Les formes MAKIKOMI (Formes enroulées)
    • KO UCHI MAKIKOMI : Petit enroulement intérieur
    • SOTO MAKI KOMI : Enroulement extérieur
  • Les formes GAESHI (Contres ou renversements)
    • SUMI GAESHI : Renversement dans l’angle
  • Les formes MAE (Dans l’axe)
    • TANI OTOSHI: Chute dans la vallée
    • TOMOE NAGE : Projection en cercle
    • URA NAGE : Projection en renversement
  • Les formes YOKO (Sur le côté)
    • YOKO GAKE : Accrochage latéral
    • YOKO GURUMA : Roue latérale (de coté)

 

E.    LES OSAEKOMI WAZA (techniques d’immobilisation)

  • Les formes GESA (par le travers)
    • HON GESA GATAME : Contrôle fondamental par le travers
    • USHIRO GESA GATAME : Contrôle par le travers en arrière
    • MAKURA GESA GATAME : Contrôle par le travers en oreiller
  • Les Formes SHIHO (par les 4 coins)
    • KAMI SHIO GATAME : Contrôle des quatre coins par le dessus
    • TATE SHIO GATAME : Contrôle longitudinal des quatre coins
    • YOKO SHIHO GATAME : Contrôle latéral des quatre coins…

 

F.      LES KANSETSU WAZA (techniques de luxation)

  • Les formes UDE HISHIGI (bras incarcéré)
    • UDE HISHIGI HARA GATAME: Luxation du bras incarcéré, tendu en contrôle par le ventre
    • UDE HISHIGI JUJI GATAME : Luxation sur le bras incarcéré, tendu en croix
    • UDE HISHIGI WAKI GATAME: Luxation par contrôle du bras incarcéré, tendu sous l’aisselle
  • Les autres formes
    • HIZA GATAME: Luxation du coude par contrôle du genou
    • UDE GARAMI : Luxation du coude par entrelacement du bras
    • UDE GATAME: Luxation du coude par contrôle du bras

 

G.    LES SHIME WAZA (techniques d’étranglement)

  • Les formes JUJI JIME: Etranglements en croix
    • GYAKU JUJI JIME : Etranglement en croix inversé
    • KATA JUJI JIME : Etranglement en croix d’un coté
    • NAMI JUJI JIME : Etranglement en croix normal
  • Les autres formes :
    • HADAKA JIME : Etranglement à mains nues
    • KATA HA JIME : Etranglement en contrôlant un côté
    • MOROTE JIME : Etranglement avec les deux mains
    • OKURI ERI KIME : Etranglement glissé par les deux revers
    • SANKAKU JIME : Etranglement en triangle

 

H.   LEXIQUE DES FORMES DE CORPS ET FONDAMENTAUX

  • ASHI : Les pieds, les jambes
    • ASHI WAZA – L’art des techniques de jambes
    • AYUMI ASHI : Marche naturelle (en croisant les pieds)
    • TSUGI ASHI : Déplacement glissé par pas successifs (sans croiser les pieds
  • HIDARI : Gauche
  • KANSETSU : Luxation
    • KANSETSU WAZA – L’art de la luxation
  • KATAME : Contrôle
    • KATAME WAZA – L’art du contrôle, de l’immobilisation
  • KOSHI : Les hanches
    • KOSHI WAZA – L’art des techniques de hanche
  • KUMI KATA : Saisie
  • KUZURE : Variante
  • MIGI : Droite
  • NAGE WAZA: L’art de la projection
  • NE WAZA : L’art des techniques couché
  • SHIME : Etranglement
    • SHIME WAZA – l’art des étranglements
  • SUTEMI : Le sacrifice
    • SUTEMI WAZA – L’art des techniques de sacrifice
  • TE : La main, les bras
    • TE WAZA – L’art des techniques de bras, de mains
  • TAI SABAKI : Esquiver, tourner, défendre ou attaquer par une rotation du corps
  • TOKUI WAZA : Technique favorite
  • TSUKURIKUZUSHIKAKEest un outil pédagogique et pour des raisons de compréhension et d’apprentissage, on l’enseigne généralement en trois temps distincts. Mais ce n’est pas forcément le cas : chacun des trois principes se fond dans les deux autres et il est bien difficile de les séparer de façon nette et précise
    • TSUKURI : La stratégie, au sens de l’art d’utiliser la distance (« ma ») et la tactique appropriées pour piéger l’adversaire en l’amenant là où l’on a décidé de l’amener.
    • KUZUSHI : Déformer, rompre la position (utilisé pour évoquer le déséquilibre physique et mental)
    • KAKE (GAKE): Mouvement positif, Exécution (L’action finale de projection
  • WAZA : L’art, le savoir faire
    • ASHI WAZA – L’art des techniques de jambe
    • KANSETSU WAZA – L’art des techniques de luxation
    • KATAME WAZA – L’art du contrôle, de l’immobilisation
    • KOSHI WAZA – L’art des techniques de hanche
    • SHIME WAZA – l’art des techniques d’étranglement
    • SUTEMI WAZA – L’art des techniques de sacrifice
    • TACHI WAZA : L’art des techniques debout
    • TE WAZA – L’art des techniques de bras, de mains

III.        CULTURE JUDO

 

A.     LES GRANDS PRINCIPES DU JUDO

Le judo est généralement présenté comme une école de la vie par ses professeurs et ses dirigeants. C’est en tout cas l’intention de son créateur Jigoro Kano qui s’est inspiré du JU-JITSU (technique de souplesse) pour créer le JUDO (voie de la souplesse). Le mot « voie » montre bien que le judo est un chemin éducatif, spirituel, personnel, et pas uniquement une discipline sportive dont le seul intérêt serait de maitriser la « technique » ou de dominer l’adversaire simplement pour terminer premier. L’une des citations attribuées à Jigoro Kano évoque bien cette idée : « Ce n’est pas important d’être meilleur que quelqu’un d’autre, mais d’être meilleur qu’hier ».

En fait, le judo est fondé sur 3 grands principes qui synthétisent la pensée de Kano :

  • JITA KYOEI : « Prospérité mutuelle par l’union des forces», généralement traduit par « Entraide et prospérité mutuelle ». Ce principe accorde un rôle aussi déterminant à TORI  (celui qui pratique) qu’à UKE (celui qui subit). Sans l’autre, qu’il soit adversaire ou partenaire, pas d’opposition ni de collaboration, pas d’interactions et donc pas d’apprentissage efficace du judo. Apprendre à accepter le rôle de UKE, à considérer l’échec comme une manifestation de l’apprentissage, grâce à mon adversaire, ce sont aussi des enseignements importants du judo.
  • JU NO RI : «Le principe de non résistance, de souplesse du corps et de l’esprit ». Ce principe est né de l’observation des branches de cerisiers enneigés. Les grosses cassent sous le poids de la neige parce qu’elles sont rigides. Les plus petites, parce qu’elles sont plus souples, plient dans le sens de la gravité comme pour se débarrasser de la neige, sans se briser. Ce principe prévaut dans de nombreuses situations du judo, où il est question d’utiliser la force de l’adversaire pour le renverser plutôt que de s’y opposer. Mais au-delà du judo, ce principe consiste dans la vie, à faire avec plutôt que contre les vents défavorables.
  • SERIOKU ZENYO : « Le meilleur emploi de l’énergie». L’application de ce principe permet de ne pas gaspiller son énergie. Il contient la notion d’efficience (l’efficacité au moindre coût énergétique) permise par le placement parfait sur une technique. Mais derrière ce principe se cache aussi la nécessité d’être concentré, présent tout entier dans l’instant, plutôt que d’éparpiller son attention en faisant plusieurs choses en même temps.

Ainsi la voie de la souplesse n’est pas uniquement celle du corps. Le judoka « éveillé » l’est dans une approche SHIN (l’esprit)  – GI (la force intérieure) – TAI  (le corps).  Elle est également inspirée du BUSHIDO (les valeurs morales traditionnelles des samouraïs), dont la Fédération Française de Judo s’est elle – même inspirée pour créer le code moral et ses 8 valeurs (Politesse, Courage, Sincérité, Honneur, Modestie, Respect, Contrôle de soi, Amitié) affichées dans de nombreux DOJO (lieux d’étude de la voie)

B.  LEXIQUE CULTURE JUDO ET TRANSMISSION

  • BUSHIDO : les valeurs morales traditionnelles des samouraïs
    • BU ou BUSHI : le guerrier
  • DAN : échelon
    • SHO DAN : Ceinture Noire 1er DAN
  • DO : La voie
    • DOJO : Lieu d’étude
    • JUDO : Voie de la souplesse
    • KODOKAN : Ecole pour l’étude de la voie, dojo de Jigoro Kano (fondé en 1882)
  • GOKYO : 5 principes d’enseignement
  • KIAI : Union des esprits (utilisé pour évoquer le cri qui libère l’énergie)
  • Les 3 principes fondateurs :
    • JITA KYOEI : Prospérité mutuelle par l’union des forces (généralement traduit par « entraide et prospérité mutuelle)
    • JU NO RI : Le principe d’adaptabilité, de non résistance, de souplesse du corps et de l’esprit
    • SERIOKU ZENYO : Meilleur emploi de l’énergie
  • JU-JITSU : Techniques de la souplesse KOHAI : Le débutant
  • KYU : Classe (utilisé pour les grades inférieurs à la ceinture noire)
  • SAMOURAI : Soldat noble
  • SATORI : La compréhension, l’éveil spirituel, exprime un état de vigilance, d’éveil et de compréhension
  • SENSEI : Le professeur, celui qui a vécu ou qui est né avant
  • SHIN – GI – TAI  :
    • SHIN : L’esprit (ZANSHIN, l’esprit alerte)
    • KI (GI) : La force intérieure
    • TAI : Le corps

 

C.     L’ORGANISATION FEDERALE

1.     La Fédération Polynésienne de Judo (FPJ)

La FPJ regroupe les clubs et leurs licenciés, au sein d’une même association. Son rôle est :

  • De promouvoir, c’est-à-dire de représenter le judo et ses disciplines associées mais aussi de véhiculer leurs valeurs pour inviter la population à pratiquer
  •   D’organiser et d’encadrer :
  •  Les compétitions qui permettent de délivrer des titres de champion(nes) de Polynésie Française
  • Les passages de grades jusqu’au 4ème Dan
  • Les dispositifs de formation des enseignants
  • La préparation et la sélection des meilleurs combattants pour représenter la Polynésie Française au niveau International
  • De soutenir et fédérer les clubs qui proposent la pratique du judo et des disciplines associées en Polynésie Française, sur le plan humain, matériel et / ou financier

La FPJ, comme toutes les associations, est définie par ses statuts. Ces derniers sont donc des règles qui expliquent le fonctionnement d’une association. Conformément à ces derniers, la FPJ est dirigée par un bureau exécutif, composé de bénévoles élus démocratiquement par les représentants des clubs, lors d’une Assemblée Générale qui regroupe les représentants de tous les membres de la FPJ.

Le rôle du bureau consiste à prendre les décisions permettant de concevoir et mettre en œuvre une stratégie fédérale. Il est composé d’un(e) :

  • Président(e)
  • Trésorier(e)
  • Secrétaire

Le bureau est assisté par un Conseil Fédéral et des commissions composées également de membres bénévoles qui proposent et mettent en place des projets selon leurs domaines de compétences (formation, haut niveau, arbitrage, etc…)

2.     Les clubs et les licenciés

En Polynésie, la pratique du judo et des disciplines associées est généralement proposée au sein d’associations affiliées à la FPJ. Ce sont des clubs, organisés sur le même modèle que la FPJ, avec un bureau (un comité directeur parfois), élu démocratiquement par l’Assemblée Générale, composée des adhérents. Pour être affiliés à la Fédération, les clubs doivent notamment :

  • Avoir des statuts conformes aux statuts de la FPJ (garantie d’un système démocratique & non commercial).
  • Licencier tous leurs adhérents à la FPJ
  • Payer une adhésion à la FPJ

Les licenciés quant à eux, payent une licence fédérale qui les lient à la FPJ (4000F en 2021) et qui leur donne accès à une assurance, ainsi qu’aux manifestations et services proposés par la FPJ. Ils participent à la vie de leur club en payant une cotisation (variable selon les clubs) qui permet généralement de payer les enseignants, les déplacements et autres événements de l’association.

D.   ARBITRAGE ET REGLEMENT

Le règlement du judo évolue régulièrement. La durée des combats, la place des arbitres et leur présence ou non sur la Tatami, l’apparition ou la disparition des valeurs permettant de graduer les scores en Tachi Waza, l’accumulation des pénalités liées aux interdictions sont telles qu’il semblerait difficile de formaliser un document fiable sur la durée.  A ce niveau de formation, il est attendu que le candidat maîtrise les grandes lignes du règlement et de l’arbitrage.

1.     L’organisation d’un combat

2.     La tenue d’une poule de compétition

 

Dans un système de poule, tous les combattants se rencontrent. Les combattants sont alors classés en fonction du nombre de victoires et départagés en cas d’ex aequo per le nombre de points marqués pendant les combats.

3.     La tenue d’un tableau à simple ou double repêchage

Dans un tableau, les combattants sont répartis de manière aléatoire. Il arrive selon le niveau de compétition, que les meilleurs soient désignés têtes de séries et éloignés les uns des autres.

Pour un tableau à simple repêchage, seuls les finalistes repêchent les combattants qu’ils ont battu. Ces derniers se recontrent, et le meilleurs est classé 3ème

Pour un tableau à double repêchage, les demi finalistes repêchent les combattants qu’ils ont battu. Ces derniers se rencontrent et le meilleur rencontre le perdant de la demi finale du demi tableau opposé. Le vainqueur est classé 3ème

4.     Les principaux gestes d’arbitrage et leur signification

  • HAJIME : Commencez
  • HANSOKU MAKE : Disqualification
  • HIKIWAKE : Egalité
  • IPPON : Un point entier
  • MATTE : Arrêtez
  • OSAE KOMI: Immobilisation
  • REI : Saluez (signifie aussi « zéro »)
  • SHIAI : La compétition pure
  • SHIDO : Faute légère
  • SONO MAMA : Ne bougez plus
  • SORE MADE : Arrêtez (pour la fin d’un combat, d’une séance)
  • TOKETA : Sortie d’immobilisation
  • WAZA ARI : Grand avantage technique
  • YOSHI : reprenez

IV.          CONDUITES EN CAS D’ACCIDENT

L’enjeu n’est pas de faire passer le PSC1 au candidat lors de nos épreuves, même si nous leur recommandons fortement de se former dans un organisme spécialisé. Il s’agit ici de mesurer la capacité du candidat à agir avec bon sens selon les principes fondamentaux dispensés dans la formation PSC1. La procédure fondamentale à suivre s’inscrit dans le schéma suivant :

  • PROTEGER : Eviter le sur-accident en protégeant la personne blessée d’une éventuelle chute d’un autre partenaire, ou de toute autre aggravation.
  • ALERTER : Appeler les secours dès qu’il y a un doute sur la gravité de la blessure, en précisant votre nom, numéro de téléphone, adresse la plus précise possible. Votre interlocuteur vous guidera dans tous les cas.
  • SECOURIR : Soigner en conscience des limites de vos compétences
  • En cas de traumatisme au niveau de la colonne vertébrale, de la tête ou des articulations, il est recommandé de ne pas mobiliser la partie du corps blessée, afin d’éviter toute aggravation. Il est tentant pour le pratiquant de vouloir se relever rapidement, comme pour se rassurer. Il est tout aussi tentant pour l’enseignant d’inviter le pratiquant à mobiliser la zone blessée pour mesurer l’ampleur de la blessure. Pourtant, dès qu’il y a un doute sur l’atteinte sérieuse de ces parties du corps, protéger et surveiller restent les deux conduites à tenir en attendant les secours.
  • En cas de perte de connaissance, il est recommandé de surveiller si la personne respire et de la placer en Position Latérale de Sécurité le cas échéant.
  • En cas d’arrêt cardiaque (la personne ne respire plus) il est urgent de pratiquer une Réanimation Cardio-Pulmonaire et d’utiliser un défibrillateur le plus rapidement possible.